LA GD PEUT-ELLE SAUVER LE RAYON VINS ?
Des résultats catastrophiques.
Le Covid et ses périodes de confinements n’auront été qu’un répit : après 10 années de chute (-22% entre 2010 et 2020), les ventes de vins en grande distribution s’étaient redressées (les autres circuits, cavistes et restaurants notamment avaient eux dû fermer). 2021 et 2022 auront sonné le glas des espoirs de reprise durable.
La chute est vertigineuse car son rythme (8% par mois) est quasiment deux fois supérieur à celui de 2019.
Des décisions radicales ? Un décalage croissant.
Face à cette situation, les enseignes ont réagi : hors de question de laisser une telle « sous-performance » durer.
Toutes n’enregistrent pas les mêmes résultats : les indépendantes (Leclerc, Intermarché et U) semblent plus performantes que leurs consœurs centralisées où une réduction de 10 à 20% de la taille du rayon s’impose.
Un report de cet espace est envisagé vers des segments du marché des liquides plus porteurs.
Mais cette effervescence négative se déroule sans réelle remise en question : la presse relaie à longueur d’articles cette crise qu’elle assimile à une baisse équivalente de la consommation… alors que l’écart entre chute de la GD et consommation globale des Français est vertigineux (au moins de 1 à 4).
Alors que s’étiole le modèle de l’hypermarché, (re)fleurissent les cavistes (indépendants ou multi succursalistes), les halles, les néo concepts (Grand Frais, Frais d’ici, l’Heure du marché) ou les GSS (grandes surfaces spécialisées en vins comme V&B ou Cash vin, en produits bio).
En fait, le décalage entre les aspirations des consommateurs et la grande distribution ne cesse de s’agrandir (lire ici). Elle qui a porté la massification des vins de qualité, a inventé les foires aux vins, n’a cessé de se développer sur l’image du vin, se retrouve comme démunie, incapable de mettre en œuvre les changements demandés par ses clients.
La preuve... par la bière !
Qu’est-ce qui marche aujourd’hui et que la grande distribution peine à offrir dans ses magasins ? Des vins de vignerons (en direct), à un prix ‘prémium’ (7 à 19€), bio… une aide au choix (la vente avec assistance : animation, conseil, dégustation, évènements), du digital, une mise en scène renouvelée. Ce que l’on trouve chez les cavistes !
Cette modernité, simple, implique une volonté de transformer les achats et les approvisionnements (pour ‘accueillir’ plus de fournisseurs par exemple). La seule innovation réelle qui porte ces caractéristiques fut l’agencement en 2011 par Le Petit Ballon des linéaires vins de Monop’ (lire ici).
Pour le reste, la GD paraît paralysée par son obsession unique du prix bas qui ne convient plus au marché du vin.
Pour confirmer cette analyse, il suffit de voir vers qui elle voulait se tourner pour ‘remplacer’ le vin : la bière qui le supplante de plus en plus… mais elle aussi est portée par des petites marques locales de producteurs indépendants souvent bio. Résultat : alors que la bière bas record après record, le rayon bières en GD (qui ne présente pas ces produits) chute lui aussi !
En pleine réflexion stratégique, la GD française trouve là une mine de redéveloppement possible. Manifestement, il n’y a plus qu’à…