MAUVAISES AUGURES

La prospective se définit comme une « discipline qui se propose de concevoir et de représenter les mutations et les formes possibles d’organisation socio-économiques d’une société ou d’un secteur d’activité dans un avenir éloigné, et de définir des choix et des objectifs à long terme pour les prévisions à court ou moyen terme. » CNRT (Centre national de ressources textuelles et lexicales).

En octobre dernier, Inno’vin organisait une matinée dédiée à cette discipline.Inno'vin

La prospective n’est pas une science, ni une certitude, encore moins une prévision : elle décrit des scénarii d’avenir plausibles, stimulants et pertinents et le chemin qui permet d’y arriver. Démarche intellectuelle, multi-dimensionnelle et transdisciplinaire, elle demeure une anticipation fictionnelle (de 20 à 30 ans).

Elle se différencie donc d’un prolongement de tendances actuelles. Pour le marché du vin, elle est d’autant plus intéressante que la production agricole devient de plus en plus imprévisible (ce qui ne devait pas arriver arrive) dans un contexte économique lui aussi soumis à des soubresauts inenvisageables.

L'annonce de plus en plus unanime de la fin du vin.

Il est essentiel de se pencher sur ce que peut nous apprendre la prospective à un moment où tout semble concourir à ce que le vin s’efface de nos habitudes de consommation.

Alors que le leader des vignobles français s’enfonce dans la crise (voir ici), la presse se remplit d’articles sur la chute de la boisson phare des tables et apéritifs. Pas seulement dans notre pays ; l’Union Européenne aurait elle aussi le blues du vin supplanté par les bières, les softs et autres sans alcools.

Le mot est même lâché, explication de tous les maux de la filière : la déconsommation.

Consommation de vin en France par habitant.

Prouvée par le schéma reproduit ci-contre, elle alimente les revendications des élus qui vilipendent les dry january, les hygiénistes, l’état et ses campagnes de prévention, et lui réclament des moyens de soutien financier et moral.

Sans aucune analyse objective (lire 3 erreurs à corriger : croire en la déconsommation) et brandies comme autant de banderoles lors d’une manifestation, les solutions pleuvent, évidentes, de bon sens, quasi unanimes dans les médias : arracher (mais avec quel argent ?), adapter le vin au goût du consommateur d’aujourd’hui (mais sait-on réellement ce qu’il veut ? lire 3 erreurs à corriger : profiler), faire sauter les contraintes administratives (souvent décidées par les vigneron.nes au sein de leur ODG), etc.

Arrêter de s'adapter.

Il apparaît que la prospective s’oppose au pragmatisme : ce dernier pousse à accepter le réel, le présent. Il revient d’abord à s’habituer à une situation même totalement dysfonctionnelle ou du moins à ne pas trop s’interroger sur ses causes et de ses remèdes. Puis à s’ajuster avec souplesse (on dit aujourd’hui fluidité). On observe les effets délétères du pragmatisme (sur le travail, la santé, l’économie, l’environnement, …) sans qu’il soit remis en question.

La prospective elle, encourage à « voir loin, large, avec calme, courage et imagination, en pensant à l’homme » (Gaston Berger). Le futur donne du sens au présent en ce qu’il l’oriente à partir de l’avenir perçu.

La prospective définit donc des scénarii à partir de tendances et de signaux faibles. Pour le vin, quatre possibles ont été explorés et décrits ; ces transitions macro-économiques se feront par le monde conventionnel, par l’effondrement ou par une évolution forte. A chacun ensuite de les accepter ou de les rejeter, de déterminer donc ses choix et stratégies.

Tr

                 

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