UNE MECANIQUE BIEN CONNUE.
Malgré les lois Egalim censées empêcher les ventes à perte, malgré les discours des différents opérateurs du marché visant à valoriser, les rayons de la distribution continue à proposer des vins à moins de 2€ la bouteille.
Vus les cours du vrac des différentes régions, il est facile de reconstituer leur itinéraire prix : ainsi un Bordeaux acheté à 800€ le tonneau de 900 litres, part donc du producteur à 0,66€ les 75cl ; un Languedoc à 135€ / hl se retrouve à 1,35€ ; une IGP peut aussi s’acheter sous les 1€ … en considérant un coût de mise d’avant crise, il n’est pas difficile de rester sous la barre des 2€ TTC en prix de vente consommateur (pour le Bordeaux 0,66€ + 0,5€ = 1,16€ soit 1,39€ TTC).
Le robinet à 1er prix n’est pas prêt de s’arrêter car même lors de millésimes peu fournis en volume, trop d’opérateurs ne maîtrisent pas leur commercialisation et doivent vider leur chai avant la récolte suivante.
Relire :
–ici, un Bordeaux à 1,69€ (mars 2021) ;
–ici, la guerre des prix (juin 2021) ;
–ici, le vrai prix du vin (juin 2021).
Tous perdants.
Cependant, on peut s’étonner d’opérations où personne ne gagne sa vie : le vigneron reste sous ses coûts de production, l’intermédiaire (car elles sont le plus souvent traitées par le négoce) dégage une marge infime et le distributeur revend à 0.
On peut aussi s’interroger face à l’explosion des prix des matières sèches (bouchons, bouteilles, etc.) et de l’énergie, de 15% pour les unes à 33% pour les autres, sur le maintien de sa faisabilité.
Surtout, il faut comprendre pourquoi de telles promotions existent : les acheteurs des enseignes communiquent sur le pouvoir d’achat des consommateurs ; ils se servent aussi de l’attractivité du vin pour les faire venir et essayer de les fidéliser dans leurs points de vente. Ils ont aussi à satisfaire les unités de besoin définies par leur service marketing : ce dernier se base sur les parts de marché de chaque origine à l’instant T (celui en général du dernier panel annuel).
L’intermédiaire se contente de répondre aux appels d’offre de ses clients.
Le vigneron subit sans essayer (ou pouvoir) de se sortir d’une logique qui fige le marché et ne tient pas assez compte des évolutions sociétales et demeure en tout cas incapable de les anticiper.
Et le consommateur ?
C’est le grand absent de ces raisonnements.
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