92 milliard d’€, 440 000 emplois*, plus de 11 milliards d’€ d’exportations dégageant pour la balance commerciale un solde positif de quasi 10 milliards*, le vin pourrait-il disparaître sans bruit ?

Dans un article paru en mars 2024 (à découvrir tant il m’avait échappé), Alexandre Abellan invente ce terme de dévindustrialisation qui emprunte à cet exemple en pleine actualité et qui donne matière à réfléchir : après avoir détruit son tissu industriel, la France cherche à le reconstruire… faute de vision stratégique, elle a perdu entre autres compétences, autonomie, souveraineté, sans parler de millions d’emplois.

La viticulture serait-elle l’industrie du XXIème siècle qui s’efface en silence de nos paysages ?

Alors même qu’existent des analyses qui ouvrent d’autres possibilités (relire les deux marchés du vin ? et prospective 2035), veut-on cette  mort ?

Il est impossible d’ignorer cette possibilité : alors que les campagnes d’arrachage n’en sont qu’à leur début, 35 000 emplois direct ont déjà été perdus*.

Il est avéré que moins produire induit une baisse de la consommation : le cycle enclenché peut donc être fatal ; il oblige à penser à toute une filière qui de l’amont à l’aval s’engouffre sans prendre du recul, dans un processus que nous allons mettre des décennies à subir.

On se souviendra dans 10, 20 ou 30 ans de ce temps où l’on décider de ne pas réfléchir, de réagir dans l’émotion des tragédies personnelles, de se priver d’un trésor national que d’autres auront récupérer.

La viticulture italienne, comme son industrie manufacturière qui a su s’adapter et rester compétitive, prendre aussi notre place : en 1980, l’industrie française apportait 23% de notre richesse, 13% en 2020, moins de 10% aujourd’hui ; la France pesait près de 25% du marché mondial du vin en 2000, moins de 13% aujourd’hui, combien demain ?

Aveuglés, ne sommes-nous pas en train de foncer dans le mur ?

*sources : Insee, CCI France, France Agrimer, Agreste.