En pleine emphase médiatique autour du no-low (sans et avec peu d’alcool), l’étude annuelle de Sowine – Dynata « les Français et les boissons alcoolisées » vient freiner les enthousiasmes.

D’un côté, la presse et les réseaux sociaux fourmillent d’articles qui soulignent l’appétence soudaine des consommateurs pour les vins à faibles degrés, le développement à venir de ce segment de produits présentés comme une alternative à la crise de la filière viticole. Des chiffres circulent (10 milliards de chiffre d’affaire), des exemples de lancements sont montrés, des dégustation organisées. Des cavistes se spécialisent sûrs d’une réussite apportée par une évolution sociétale indiscutable, la volonté de diminuer (voir de supprimer) l’alcool.

De l’autre, So Wine donc, annonce aucune embellie, 28% des Français se déclarant acheteurs de no-low (en baisse de 1 point vs 2023) avec une propension très limitée pour le vin (10% contre 17% pour les spiritueux, 48% pour les cocktails et 67% pour la bière).
Certes, les jeunes de 26 à 35 ans sont sur consommateurs (41%) mais la tranche inférieure (18 – 25 ans) lui préfère le vin (avec alcool).

S’il s’agit bien d’une enquête par sondage, donc déclarative, elle présente l’intérêt d’être suivie depuis 2013 et pose la question de la tendance réelle (et à venir).

De son côté, le géant américain des soft-drinks (boissons non alcoolisées type sodas, jus de fruits ou eaux minérales et de source) prend lui aussi le no-low à contre-pied.

Après avoir créé une filiale consacrée aux alcools (Red Tree Beverages), voici que sort aux États Unis et sous la marque de jus Minut Maid, une gamme de cocktails ABV et qui titre 13,9°.
Surprise, la margarita citron (lime), la piña colada et le daïquiri fraise (!) sont bien fabriqués à base de vins ABV (à priori californiens) !

Si Coca Cola choisit le vin plutôt que tout autre alcool, c’est que leur analyse considère son attractivité supérieure auprès de la cible de jeunes consommateurs.

On ne sait pas si l’on verra ces produits en Europe mais le pari fait nourrit lui aussi le débat autour de la pertinence d’investissements très lourds nécessaires aux vins no-low ?

Dans un article le no-low remplaçant du vin de table, je soulignais en novembre dernier , les risques et limites du no-low : coûts, impacts sur la santé, positionnement, etc.

Personne ne peut vraiment prévoir si l’opportunité présente une perspective de long terme qui dépasse le simple phénomène de mode. Mais il convient de ne pas croire comme acquis une réussite très aléatoire. Et de se questionner vraiment sur l’avenir du vin : en nier l’impact toujours considérable sur les consommateurs du monde entier, ses gisements de croissance (bio, prémium, export, identités géographique et de producteur,…), ses enjeux vitaux (lutte face aux réchauffement climatique, moyennisation qualitative,…) pour se rabattre sur un ersatz ne paraît dans ce cadre pas être la priorité.