UN DÉBAT SANS DÉBAT.

Des réactions tous azimuts.

Depuis février et un article de Vitisphère (le consultant et l’économiste remettant en cause l’arrachage) où Jean-Marie Cardebat et moi-même exposions une analyse macro économique qui renverse les idées préconçues, de nombreues réponses ont été publiées qui s’inscrivent à rebours de notre analyse.

On peut citer pêle-mêle :
-le CIVB (Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux) qui se réjouit (!) de faibles récoltes et espère ainsi un retour à l’équilibre (voir leurs données graphiques),
-le directeur du Crédit Agricole de Bordeaux qui renchérit et voit l’arrachage comme une chance (à retrouver ici),
sans parler des avis sur les prix planchers…

Il faut se réjouir que s’installe un débat autour de la nécessité de réduction de la production, remercier Vitisphère qui en est le principal initiateur et réceptacle.

Dernier exemple, Martin Cubertafond, expert et maître de conférences à Sciences-Po (lire ici), affirme péremptoire « je suis assez basique : je constate que de manière structurelle, il y a une offre supérieure à la demande ».

On peut donc s’étonner d’une convergence qui semble viser à accréditer la seule voie de la baisse de la consommation induisant un automatique et nécessaire repli de la surface. Même Lamberto Frescobaldi de l’Unione Italiana Vini pour qui il n’est pas question de réduire le potentiel productif de son pays (), en est présenté comme un défenseur (Arracher de la vigne en Italie ? « Pourquoi pas »).

Nos arguments.

Surtout, on ne peut qu’appeler à une discussion autour de faits, de chiffres, de preuve plutôt qu’à des affirmations sans alternatives qui renvoient le contradicteur d’un revers de manche.

On peut ainsi écouter la Confédération Paysanne qui affirme « quand on nie le réel, c’est que l’on finit par s’y cogner » ; même si Dominique Técher ne va pas jusqu’à remettre en cause l’arrachage, il expose beaucoup de nuances et appelle à une réflexion globale sur la filière.

Pour nous, le point de départ doit être une confrontation aux données économiques (macro et micro) afin d’en tirer une analyse et des choix stratégiques.

L’analyse part d’un constat inverse à ce que je qualifierais de croyance : ce n’est plus la demande qui impacte (ou crée) l’offre mais l’inverse. Ainsi, « une rareté très élevée (météo très défavorable par exemple), donc une forme de pénurie (volumique), se traduit mécaniquement par une faible consommation (car le produit n’est pas disponible et son prix devient très élevé). »

La situation globale de la France vient non d’une surproduction mais de l’effondrement de sa part de marché export combinée au changement de mode de consommation (du vin de table au vin de qualité) que l’on résume en trois visuels :

Ce dernier explique les difficultés nationales :
-en 1995, le marché intérieur encore dominé par les vins de table (boisson alimentaire quotidienne) et l’international (la France était n°1 mondiale en volume) absorbait la production ;
-aujourd’hui, la consommation ne se porte plus que sur les vins de qualité (occasionnels et valorisés, les seuls à être produits) mais l’export (la France est passée 3ème mondial) ne permet plus d’écouler chaque millésime : si l’on avait maintenu notre part de marché de 2001, nous vendrions 23 millions d’hl dans le monde et nous aurions gardé un bon équilibre production – commercialisation.

Arrêtons d'opposer volume et valeur.

La hiatus français vient de l’oubli de notre modèle historique : produire de la qualité en masse ; ces deux notions ne s’opposent plus. Nous sommes capables de garder les exigences des signes distinctifs (AOP – IGP), de voir perdurer un chemin d’excellence environnementale sans renoncer au volume.

Chaque vigneron.ne le sait : tout hectolitre perdu limite sa rentabilité ; pourquoi alors ne pas vendre ce qui est produit ? Pourquoi ne pas vendre ce que nous voulons produire ?

Alors, on ouvre vraiment le débat ?

                 

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