NE RIEN CÉDER À L'IGNORANCE
Faut-il voir un nouvel épisode de l’opposition historique permanente entre pro et anti vin, entre les dangers de la surconsommation et les bienfaits du « french paradox » ? Depuis des semaines, se (re)déchaine une sorte de campagne de diabolisation du vin, alpha et oméga de l’alcoolisme, qui prouve surtout une tentative de manipulation d’une réalité bien connue.
Le vin, c'est bon
Tout simplement ! Comme boisson, comme aliment, le vin est connu, célébré dans le monde entier comme un « divin breuvage » en ceci qu’il apporte à la santé tout en satisfaisant le goût, le plaisir de la bonne chair et une soif de culture millénaire.
Le vin comme la cuisine qu’il accompagne souvent, sont des piliers civilisationnel, des inspirateurs d’arts, de la littérature à la peinture, de la musique à la sculpture et aujourd’hui du cinéma.
Qui peut nier cette influence bénéfique ? Qui contredit ce « soft power » que la France partage avec quelques pays de la vieille Europe et qu’elle exporte partout ?
De bien tristes parangons de vertu
Ceux qui balaient de la main quelques siècles de travail, oublient le poids économique, l’influence sur le paysage, sur le tourisme, sur note image du vin. Ils servent une vision consumériste de la société où tout objet, tout produit se réduit à ses excès. Ils confondent l’outil et sa fonctionnalité, l’utilisation et ses détournements.
Jaques Dupont dans le Point, les traite d’extrémistes, d’hygiénistes, c’est-à-dire, d’empêcheurs de penser la vie autrement que comme une restriction : le bon usage du vin, comme de toute chose et cela semble une évidence si basique qu’il semble idiot de devoir encore aujourd’hui le répéter, ne s’inscrit pas dans la beuverie. Le vin ne s’apprécie non dans une modération calculée et froide, mais dans une intelligence du corps ressenti, du bonheur assumé de se faire plaisir donc de se faire du bien.
Les erreurs de la filière
La situation toujours présente, sans cesse renouveler de remise en cause du (seul) vin (où sont donc les dangers du whisky, du gin, des mix, du pastis… ou de la bière ?) traduit aussi la faiblesse des professionnels à communiquer.
Délivrer une image positive du vin dans sa consommation est l’apanage de quelques personnalités, journalistes, professeurs, vignerons. Les « décideurs » comme les politiques se contentent de revendications corporatistes inaudibles dans la société pour les uns et d’une prudence coupable pour les autres : pourquoi ne pas éduquer, apprendre le vin ? Lui donner sens comme un moment, une expérience dont les limites sont tracées ?
Depuis des décennies, je propose aux acteurs d’investir les institutions de santé et de prévention, d’en faire des partenaires : faute de cela, beaucoup, trop de ces structures et de leur personnel ont ciblé le vin comme bouc émissaire de l’alcoolisme.
On peut continuer à se jeter à la figure arguments et études opposés ; en vain. Ou, l’on peut s’assoir autour d’une table pour des états généreux (!) de la consommation de vin comme on réfléchirait ensemble à l’avenir d’un patrimoine commun.