Seul le critère prix devenu prioritaire aux yeux des consommateurs en 2023, a été retenu de l’étude Sowine. Nombre d’observateurs ont relié cette attente au contexte inflationniste : soumis à une hausse généralisée du coût de le vie, les consommateurs français veulent du prix !

Cette interprétation se révèle une fois encore simplificatrice ; en effet, le « budget moyen pour l’achat d’une bouteille » confirme la prémiumisation du marché.

Les Français veulent du prix, oui, mais plus cher !

Déjà constaté comme tendance de fond depuis 2013, le phénomène ne disparaît pas avec les crises : la formule « consommer moins mais mieux » prend tout son sens (même si la baisse en volume n’a rien de vérifié sur les vins de qualité, coeur et haut de gamme).

Ce qui est à retenir dans les résultats 2023 :

–la fin de la prévalence de la bière. Après des années de croissance tirée par les locales (et les bio), la bière voit le consommateur marquer une pause. Dans l’étude Sowine 2023, le vin retrouve sa place de boisson préférée (+6 points, -5 pour la bière). Dans la filière, la situation florissante s’est retournée, les hausses des coûts de revient plombant la rentabilité, au point qu’une brasserie héxagonale sur 10 pense arrêter son activité cette année (source : enquête CPME-Brasseurs de France 11 avril – 3 mai 2023).

–l’évolution des couleurs, la déstructuration des moments. La progression du rosé et (surtout) du blanc au détriment du rouge considéré comme plus traditionnel, s’appuie sur le développement de nouveaux moments de consommation. Si l’apéritif reste à la mode, les 3 couleurs se boivent de plus en plus en soirée.

–Bordeaux toujours (et plus que jamais) leader. Malgré tout (la concurrence, le bashing, les difficultés économiques de producteurs, l’arrachage, les pertes de part de marché), l’image des vins de Bordeaux reste établie à la première place. Et même, plus on est connaisseur de vin, plus l’écart entre Bordeaux et les autres origines s’agrandit !

–le bio écrase tout. Là encore, loin des à-priori répétes à l’envie, les consommateurs prennent le temps  de regarder si une bouteille affiche un label environnemental (le bio supplantant de plus en plus les autres). Tous âges confondus, ces marques de reconnaissance sont la première motivation d’achat (pour les respect de la nature mais aussi comme preuve de qualité, d’origine, du cycle de production).

–la vente en ligne stagne, les réseaux pèsent. Seuls 38% des Français (-3 points en 1 an) achètent sur le net (même le segment des moins de 35 ans baisse). La fréquence diminue également.
Les réseaux eux (Instagram et TikTok en tête) maintiennent leur rôle de prescripteurs et d’outils de choix.

L’analyse de cette étude pourraît être une bonne base de sélection de gamme pour les professionnels. Les tendances se déroulent sur un temps long, à rebours d’un air du temps morose et caricatural.

Pour les journalistes, elle offre des angles de regard du marché du vin bien plus originaux.

Lire l’étude complète ici.