...QUI VEUT ARRACHER 140 à 190 000 hectares ?

Une politique à prendre au mot.

Si en France s’impose toujours la loi de l’offre et de la demande pour le marché du vin, pourquoi ne pas suivre son raisonnement jusqu’au bout. Tout d’abord, il convient d’en préciser les termes ; l’offre s’entend dans les discours et prises de position de la filière, comme le potentiel de production ; la demande en tant que à notre capacité à vendre.

Il faut dans ce cas, étudier l’adaptation du volume annuel sorti des chais à nos résultats commerciaux.

D’un côté donc, la moyenne quinquennale qui s’établit à 45 millions d’hectolitres ; de l’autre, la compilation de la consommation intérieure (composée à 95% de vins français) soit autour de 24 millions d’hl et de notre export, moins de 13 millions.

Le « déséquilibre » constaté se chiffre au minimum à 8 millions d’hl. Il faudrait prendre en compte les arrachages en cours mais pour plus de clarté, contentons-nous de ces données qui le précèdent.

Des conséquences vertigineuses.

Poursuivons le raisonnement et formalisons les suites logiques d’une volonté de retour à l’équilibre.

Le rendement moyen de 57hl/ha revient à réclamer la « disparition » de 140 000 hectares ; selon les scénarii envisagés (par exemple en affinant les chiffres ou en tenant compte des tendances et non des moyennes), on peut arriver à 190 000 hectares.

Le vignoble français tombe à 640 000 (voire 590 000) hectares. Sachant qu’en Gironde la perte de 10 000 ha (10% du vignoble) a engendré une baisse de 15% de l’emploi (7 400 suppressions de poste), l’arrachage représente aussi une saignée sociale (40 000 au bas mot).

Enfin, si l’on maintient l’enveloppe de 4 000€ par hectare pour financer l’arrachage, le coût budgétaire public direct varie de 560 à 760 millions d’€ (2 à 2,7 année complète d’OCM vin).

Pour finir par un exemple régional, le Bordelais (tombé de 119 à 92 000 hectares depuis 2019), devrait se défaire de 18 à 25 000 ha supplémentaires.

Un choix existentiel.

Ainsi poser le débat prend une tournure profonde qui engage plus que l’avenir, la vie même de la filière.

Il paraît donc indispensable de rappeler que les réductions volumiques (baisse des rendements ou des surfaces plantées, petite récolte) n’ont pas (ou plus) d’impact économique positif, ni sur le niveau des prix (cours du vrac), ni sur la capacité à vendre. Elles ont au contraire accentuer l’appauvrissement des vigneron.nes en réduisant de facto leur potentiel de marge et/ou de revenu.

Le choc des chiffres doit amener à une réflexion collective : comme les Espagnols et la quasi totalité de nos concurrents, il est temps de savoir ce que nous voulons vraiment. Le vin est devenu un produit globalisé, consommé dans de plus en plus de pays, qui exige une stratégie mondiale.

Alors que « la vigne n’est pas en crise » au niveau international, rien ne nous oblige à jouer ce jeu ; nous pouvons préférer garder une approche locale, produire pour nos besoins et transformer la filière ; le tout est de trancher et d’accompagner nos choix pour ne plus faire subir aux seuls producteurs le poids, le stress d’une situation non gérée.

Sources : OIV et Agreste 2025.

     

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