RÉGULER L’OFFRE.

C’est une antienne qui revient presque chaque année comme un marronnier dans la presse, comme un mantra dans la filière : pour s’adapter au marché, il convient de réguler l’offre. Traduit en langage plus moderne, on parle de marketing de l’offre.

Cet ancrage est idéologique : il repose sur la logique du pragmatisme ; face à une situation donnée, il faut trouver un moyen de s’en accommoder au mieux. Voilà qui paraît tenir à la fois du bon sens, de l’évidence même et de la qualité.

Pourtant, cette posture intellectuelle, triomphante aujourd’hui, oublie deux facteurs essentiels :

-à quelle réalité doit-on s’adapter ? Pour le marché du vin, réguler l’offre (baisser la production donc) s’inscrirait dans un contexte de repli de la demande, de la consommation.

Or, ce raisonnement macro-économique se heurte aux statistiques : la consommation mondiale continue à progresser et surtout « l’offre », c’est-à-dire la production, est inférieure à « la demande » (besoin pour satisfaire la consommation de vin et l’utilisation du vin pour fabriquer ses dérivés, alcools, vinaigres, etc.).

Ce déséquilibre qui existe depuis 20 ans (!) contredit donc toute régulation de l’offre autre qu’un développement de la production pour satisfaire la demande.

-et quand bien même ; si vous refusez cette réalité chiffrée, si elle paraît trop loin de vos difficultés, quand un contexte ne nous convient pas, qu’il dysfonctionne, qu’il ne génère que des résultats négatifs, pourquoi s’y adapter, pourquoi ne pas essayer plutôt de le changer ?

D’autre part, la régulation de l’offre ne peut fonctionner que dans un marché d’offre et de demande, un marché de matière première par exemple, de produit de nécessité.

Le vin n’est pas (plus) un produit alimentaire indispensable : si l’on en trouve pas ou moins, si le consommateur ne parvient pas à avoir le vin qu’il désire alors il n’achète pas ; il pourra se rabattre sur la bière, l’alcool, les jus de fruits, les sodas, …

Réduire l’offre ne conduit donc qu’à perdre automatiquement des parts de marché.

L’illustration :