MODE OU TENDANCE.
Le vin dans le paysage du sans alcool.
Voilà un segment du marché qui se développe : à côté des ‘softs’ (sodas, jus de fruits), des kéfirs et autres kombuchas, les ‘sans’ (produits issus d’alcools diminués, ‘allégés’ entre à et 6°) trouvent leur place.
Portés par une consommation choisie et décomplexée de boissons ‘sobres’ et par une volonté politique de baisser la consommation de vin (première source d’alcool en France, ces no – low semblent apporter une alternative aux producteurs. Ils se rapprochent de ce qu’étaient les vins d’autrefois, vins de table et de soif qui n’existent plus et auxquelles ces bouteilles très marketées font penser.
Estimés à 11 milliards d’€ au niveau mondial, ils restent marginaux face aux 37,6 milliards du seul marché export des vins ou aux 1 500 milliards du marché mondial des alcools.
Certains opérateurs (négociants, coopératives surtout) se sont pourtant déjà lancés à corps perdus dans cette niche (en plein marasme local, l’union Bordeaux Families vient ainsi d’investir dans une unité de désalcoolisation).
Comme les bulles (crémants, effervescents), les no – low donneraient une autre perspective à la distribution des vignerons, un ‘à base de vin’ qui en garde les codes en se défaisant de l’impact négatif de l’alcool, comme le déca pour le café ! Comme une ouverture, une diversification vers le non consommateur de vin, une alternative qui n’échappe pas à la filière viticole.
Une autre dérive industrielle.
La médaille a son revers. Si l’on repart du consommateur, ceux qui achètent des no – low sont d’abord des ‘switchers’, des personnes qui boivent aussi (et d’abord) du vin et des alcools. Aucune certitude donc qu’ils apportent de réels nouveaux débouchés…
Surtout, la fabrication de ces boissons posent beaucoup de questions : les ‘bulles’ sont obtenues par ajout de gaz carbonique, les procédés (extraction d’alcool par osmose inverse ou distillation sous vide), l’édulcoration et la dessication induites, l’aromatisation quasi indispensable, l’additif de conservation (E242, DMDC ou Dicarbonate de diméthyle, Bicarbonate de diméthyle) nécessaire, en font des produits industriels incompatibles par exemple avec le label bio.
Et l’on constate aussi que les no – low sont positionnés hors du champs qualitatif des vins prémiums.
Enfin, n’oublions pas que les vins 0° existent depuis plus de 20 ans, sans avoir encore réussi le décollage qu’on leur promet aujourd’hui.
Beaucoup d’obstacles donc à voir une réelle opportunité, une perspective de long terme qui dépasse donc le phénomène de mode.